Raymond CURIE : Le travail social à l’épreuve du néo-libéralisme
Raymond CURIE est sociologue et enseignant à l’Institut de travail social de Lyon / Caluire ainsi qu’à l’Université Lyon II (Sciences de l’éducation et Sociologie) dans le cadre d’un partenariat pédagogique. Il collabore à plusieurs revues d’informations et de recherche sur l’actualité sociale.
On ne tient plus compte du temps nécessaire au travail, ni des aléas de la relation éducative avec les personnes en difficultés. Les référentiels de compétence vont permettre d’orienter de plus en plus le travail vers la technicité, relativisant ainsi la pensée théorique et critique.
Depuis 2002, de nombreuses tensions sont apparues dans les équipes de professionnels du social par rapport à ces questions.
Dans les centres de formation également, l’orientation nouvelle se fait sentir. Les nouveaux diplômes sont construits sur la base des domaines de compétence, c’est l’approche technique opérationnelle qui est privilégiée même si des marges de manœuvre existent pour les formateurs. Les budgets des écoles par ailleurs sont tous revus à la baisse depuis la deuxième décentralisation et le passage sous le contrôle des régions.
D’autres textes de lois d’inspiration néo-libérale vont dans le même sens comme celui de 2007 à propos de la prévention de la délinquance. Une orientation gouvernementale tend à vouloir pénaliser les problèmes sociaux plutôt que de s’attaquer à leurs causes.
Dans ce contexte et depuis les années 80, deux approches sont apparues : la première défendant les fondamentaux du travail social en proposant une actualisation des pratiques, se base sur la qualification, le long terme, l’accompagnement, la relation d’aide et la recherche des causes des problèmes, alors que la deuxième accompagne les nouvelles politiques sociales en soutenant la compétence, le court terme, le suivi, la logique de service et tend à n’intervenir que sur les symptômes des problèmes.
Sans tomber dans le manichéisme, il ne faudrait pas que la deuxième approche élimine complètement la première.
Face à cet état des lieux, les professionnels du social ont tout intérêt à réagir, à résister et à se mobiliser. Cette année plusieurs actions sont prévues : la continuité de la mobilisation sur la gratification des stagiaires (journée nationale le 6 mai), la mobilisation en défense de la convention collective 66 remise en cause par les employeurs, l’université d’été du travail social du 23 au 26 août à Talence avec comme thème « La conscience politique des acteurs sociaux aujourd’hui », l’Appel des appels qui réunit différents secteurs (santé, social, éducation, culture, justice…) et propose des initiatives régulières, sans oublier les propositions du MP4 pour le travail social. Plus que jamais l’heure est à la résistance et à la mobilisation.
|